Belfast
Cette page illustre en premier lieu ce qu’est la résilience urbaine à travers les sept qualités d’une ville résiliente. Le projet analysé dans le présent cadre étant le Connswater Community Greenway, le lien entre les qualités d’une ville résiliente et les qualités des espaces publics y est démontré. En dernier lieu, la notion de projet urbain résilient sera adaptée en fonction des espaces publics de qualité afin de créer un certain cadre d’un espace public résilient qui répond aux critères présentés dans le texte et de développer une analyse urbaine basée sur ces concepts théoriques.
La résilience urbaine
Le concept de résilience urbaine reposerait sur les capacités de la communauté à faire face à un désastre, mais également à ses capacités d’adaptation à la suite de celui-ci. D’une part, la capacité de faire face au désastre englobe les moyens par lesquels les personnes ou les organisations utilisent les ressources, les compétences et les opportunités disponibles afin de faire face aux conséquences néfastes d’une catastrophe. Elle serait donc liée aux facteurs qui influent sur la capacité d’une collectivité à se préparer, à absorber et à résister au risque et aux impacts d’une catastrophe, et à se remettre d’un tel événement en atteignant des niveaux de restauration relativement rapide (Peacock et al., 2010 ; Morley et al., 2017). Dans un processus de rétablissement, un système résilient a donc l’aptitude de renforcer ses capacités en améliorant son statut d’atténuation, en réduisant les vulnérabilités préexistantes et en améliorant sa durabilité (Peacock et al. 2010).
LES SEPT QUALITÉS D'UNE VILLE RÉSILIENTE
Selon un cadre de référence pour les villes résilientes développé par le réseau des 100 villes résilientes en 2015, les systèmes urbains résilients démontrent, la plupart du temps, sept qualités leur permettant de résister, réagir et s'adapter plus facilement aux crises (Arup, 2015).
* Une ville robuste, flexible et faisant preuve de redondance possède les qualités pour concevoir des systèmes capables de résister aux chocs et aura la volonté d'utiliser des stratégies alternatives pour faciliter une reprise rapide.
* Une ville réfléchie et innovante aura l’aptitude d’apprendre des expériences du passé et d’agir en temps de crise.
* Une ville inclusive et intégrée se rapporte aux processus de bonne gouvernance et de leadership efficaces qui garantissent que les investissements et les actions sont appropriés, répondent aux besoins des plus vulnérables et créent collectivement une ville résiliente pour tous.
(Arup, 2015)
La résilience et les espaces publics
Les villes sont des réseaux complexes fonctionnant comme des systèmes qui mettent en relation plusieurs mécanismes structuraux, écologiques, économiques, productifs, sociaux et culturels (Di Baldassarre, 2020). En termes de résilience, il s’agit d’organiser les changements à l’intérieur de la ville de manière à créer de nouvelles réponses sociales, culturelles, économiques et environnementales permettant de résister aux pressions environnementales et historiques à long terme (De Angelis & Izzo, 2013). Cette résilience assez générale peut s’orchestrer de plusieurs façons et sur une multitude d’échelles différentes. Les différents critères des villes résilientes présentés dans la section Villes résilientes (réfléchie, innovante, robuste, flexible, redondant, inclusive et intégrée) agissent notamment à une échelle plus grande que les critères des espaces publics. De cette façon, un espace public de qualité contribue de façon notable à l’atteinte des critères des villes résilientes.
Selon Accia et Torresan (2017), il est nécessaire de placer l’espace public au centre des stratégies d’adaptabilité et de résilience des villes pour permettre une régénération de la ville contemporaine selon de nouveaux principes qui offrent une plus grande qualité urbaine et une plus grande valeur. La littérature lie donc de manière assez claire l’effet qu’ont les espaces publics sur la résilience des villes. De ce fait, les critères de qualité des espaces publics favoriseront l’amélioration de la résilience des villes et réussiront à créer un réseau de milieux de qualité bien intégrés. Le fait de créer un réseau de milieux de qualité et de s’assurer que les espaces publics soient intégrés au système qu’est la ville améliore les qualités et la résilience de ces espaces. En effet, tel qu’illustré à la figure ci-dessous, les espaces publics ponctuels qui ne sont pas prévus dans une approche intégrée ont moins d’effets positifs que les espaces publics prévus dans une optique réticulaire ou dans un réseau d’espaces publics résilients qui favorisent la qualité urbaine (Di Baldassarre, 2020).
Transformation des vides en espaces publics d’une approche ponctuelle jusqu’à une approche réticulaire (Tiré de Di Baldassarre, 2020)
En comprenant que différentes échelles sont en actions dans l’écosystème qu’est la ville, il est intéressant de constater que les qualités des espaces publics au niveau local peuvent avoir un impact significatif sur les qualités urbaines de la ville. Plusieurs critères influencent la qualité d’un espace public, la figure suivante illustre ceux relevés par Di Baldassarre (2020), soit sécurité, animé, santé, attractivité et durabilité.
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Les projets urbains résilients en contexte de changements climatiques
Dans le contexte des changements climatiques, les villes utilisent habituellement deux types de stratégies pour combattre les effets des changements climatiques. Il est question ici de stratégies ou mesures de mitigation ou celles orientées vers l’adaptation. En se concentrant sur les projets urbains comme outils de lutte aux changements climatiques, il est possible d’agir à l’échelle locale, à des lieux plus spécifiques parfois négligés (Perez-Lancellotti & Ziede, 2021).
PROJETS URBAINS
Les projets urbains axés sur la mitigation ou l’atténuation auront comme principaux objectifs la réduction des gaz à effet de serre (GES) et la captation du carbone. Ils sont orientés selon le résultat de la dégradation des milieux naturels dus aux activités anthropiques sur le territoire et parfois dus à une dégradation d’origines naturelles (idem). Il est possible de donner comme exemple de projet tout ce qui pourrait inclure du reboisement ou carrément de la reforestation.
De leur côté, les projets urbains orientés vers l’adaptation se concentreront sur la réduction de la vulnérabilité des populations en atténuant les effets néfastes liés aux changements climatiques. Par exemple, un projet pourrait se concentrer sur l’amélioration des infrastructures vertes et bleues (revégétalisation et déminéralisation, bassins d’infiltration, lacs urbains, etc.) pour atténuer les effets de la hausse du niveau de la mer et des inondations (Versini, 2017).
Afin de générer des bénéfices supérieurs dans la lutte et l’adaptation aux changements climatiques, les nouveaux projets urbains auront avantage à créer des synergies issues de l’interaction entre les actions axées sur la mitigation et sur l’adaptation. Cette nouvelle génération de projets urbains face aux changements climatiques comprenant des projets, intégrateurs des deux axes d’intervention, dits intégrés.
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(Adapté de Perez-Lancellotti & Ziede, 2021).
En effet, pour avoir un impact significatif sur les changements climatiques, les projets devraient avoir une forte orientation pour les deux stratégies et ainsi constituer le type de projets urbains le plus innovant ou avancé en matière de lutte aux changements climatiques. Par exemple, un projet d'adaptation aux changements climatiques intègrera des éléments lui permettant également d'exercer un rôle d'atténuation notamment par la création d'infrastructures vertes ou l'utilisation d'énergies propres et ainsi être qualifié de projets urbains intégrés (Perez-Lancellotti & Ziede, 2021).
En fin de compte, la promotion des projets d’espaces publics répondants aux cinq qualités proposées par Di Baldassarre favorisera l’intégration de ces nouveaux espaces aux sept qualités d’une ville résiliente. Cela concordera ainsi avec la capacité et la volonté de la ville d’éviter le statu quo et de promouvoir les projets urbains intégrés qui permettront de renforcer ses capacités, par l'amélioration son statut d’atténuation, la réduction les vulnérabilités préexistantes et l'amélioration de la durabilité de sa résilience urbaine.